Les Éwé sont un peuple de l’Afrique de l’Ouest. Ils vivent principalement au sud du Togo, du Bénin et du Ghana. Selon les peuples, les croyances diffèrent énormément. Les questions elles, restent universelles. Les plus grandes : d’où viennent les hommes, où vont les morts ? Traditionnellement, les Éwé ont également tenté de répondre à ces questions.
Note : ceci vient essentiellement des travaux en éwé de l’auteur Linus Gbekɔbu. Par souci de justesse certaines graphies ont été gardées. Pour leurs lectures : le «ƒ » est un « f » bilabial, le « ɛ » se lit « è », le « ɔ » est un « o », le même que dans « mort », le « e » est un «é».
D’où viennent les hommes chez les Éwé?
Le monde selon les Ewé est tripartite. Nous sommes dans le monde des vivants : « Kodzogbe » –Kodzogbé. Nos âmes irons dans le monde des morts : « Tsiɛƒe » – Tsièpé. Nous venons du monde d’avant-vie : « Bome » – Bomé.

Bome
Nous venons donc de Bome selon la conception traditionnelle Éwé. Le mot fait référence aussi dans le langage éwé, au champ ou au jardin. Là, les graines inertes reprennent vie et donnent vie. Pour les Ewé, image parfaite de la source de la vie. Ce lieu porte encore d’autres noms. Il s’agit entre autres de Dzɔƒe (source), de Ƒeme (la maison), de Seƒe (la maison de Se, de Dieu). La « personne » ou la divinité qui officie là se nomme Bomenɔ (La mère de Bomé).
Bomenɔ
La femme est la source de la vie. La « personne » responsable du lieu source de vie, selon cette pensée, ne peut donc qu’être une femme. Bomenɔ est comme le lieu où elle réside. Elle a plusieurs noms : Krawonɔ (mère des âmes) ou ŋolimenɔ (mère des défunts – les défunts reviennent) entre autres.
A la mère des âmes, les humains avant de venir sur terre prêtent serment. Ceci se fait en présence d’une entité qu’on appelle Gbetsi ou encore ŋolimetasi (Tante des défunts). Certains jurent de mener de longues et heureuses vies, d’autres d’en mener de courtes. Cette croyance inspire la plupart des rites qu’on accomplit traditionnellement à la naissance des enfants en pays Éwé.
Aklama
Le serment est remis à Aklama, une sorte de serviteur qui se charge de faire respecter la promesse. C’est également lui qui mène le naissant vers Kodzogbe, le « monde d’ici-bas ». Aklama est encore appelé Dzɔgbe. La traduction littérale de ce mot serait « Jour de naissance ». En éwé, pour dire bonheur on dit dzɔgbenyui, c’est-à-dire bon jour de naissance. Le malheur est dzɔgbevɔe, le contraire donc. Dans la conception traditionnelle des Éwé, l’ « Aklama » de chacun se manifeste en suite de fortune ou d’infortune. Le but ultime étant l’accomplissement de son serment. Il est également à noter que cette notion peut dans la pratique courante s’amalgamer au Dieu tout puissant ; Mawu.
Où vont les morts chez les Éwé ?
Les morts vont à Tsiɛƒe ; la maison ou le monde des esprits. Tsiɛ signifie esprit. On fait référence au lieu encore sous le nom de Tɔgbuiwode (pays des ancêtres masculin, précisons le). Ici, on fait référence aux morts sous le nom de voyageur : « Ame yinugbe ». La conception traditionnelle chez les Éwé dit en effet qu’après la mort il y a un voyage à faire pour rejoindre le monde des esprits. A cet effet, le mort est enseveli avec des objets nécessaires à son voyage. Il aura par exemple à traverser Kutɔnu, le fleuve des morts accompagné de Kutsiami.

S’il a mal vécu ou a été mal enterré, le mort se voit refuser l’entrée dans l’assemblée des ancêtres. Dans un violent courroux, il revient à Kodzogbe pour hanter les vivants. N’étant pas à Tsiɛƒe, il ne pourra pas retourner à Bome, pour revenir à Kodzogbe de la bonne manière.
Dans la sous-région et ailleurs, ces quelques conceptions traditionnelles chez les Ewé se retrouvent chez plusieurs peuples. Au sein même du peuple Éwé, certaines versions diffèrent. Elles sont, néanmoins, assez claire en tant que réponses.
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