Les langues naissent, vivent et meurent. C’est comme ça. Aujourd’hui en Afrique, les langues maternelles ne se portent pas très bien. Elles sont même, pour certaines, menacées d’extinction.

CC: hnijssen via Iwaria
Dans mon pays, bilingue est un mot qui désigne des personnes qui parlent trois langues. Les trilingues sont des gens qui parlent souvent quatre langues ou plus. Les langues locales, on ne les compte pas. Ceci exprime bien la valeur des langues africaines dans les consciences de plusieurs.
Ces langues s’utilisent de moins en moins. Et quand on les utilise, on « code-switch« . C’est à dire qu’on utilise des mots d’autres langues en remplacement des mots qu’on croit inexistant dans la langue maternelle. Résultat du fait qu’on pense dans d’autres langues que la langue supposée maternelle. Aussi, des enfants apprennent en priorité les langues étrangères…
A la longue, si la tendance se maintient, les langues africaines iront inéluctablement vers leurs déclins. Le Duli-gey, une langue du Nord du Cameroun, est aujourd’hui considérée comme « dormante » : elle n’a plus de locuteur connu. Le même sort pourrait être réservé à d’autres langues et peut-être même à celles les plus parlées comme le Yoruba ou le Lingala. Il n’est question que de temps.
Il faut préserver les langues maternelles
Les pensées qui s’expriment de mille et une manière, la diversité linguistique, c’est un trésor. Les langues d’Afrique sont imagées, colorées et belles. Pour le mettre en valeur, on peut rencontrer des problèmes comme leurs exclusions des systèmes éducatifs et peut-être aussi une trop grande diversité.
Ces langues qui ont toute la capacité d’être un puissant outil pour l’éducation des peuples sont exclues ou sous-représentées dans les systèmes éducatifs. On fait des études sur ces dernières, ces études restent dans les universités et ces connaissances ne sont pas utilisées à bon escient. Il est difficile d’apprendre la plupart de ces langues, la documentation étant difficile d’accès.
Il est vrai aussi que le grand nombre de langues rend l’œuvre ardue. Cette diversité de langues et de cultures peut même être dans certains pays, un frein à l’unité. Mais néanmoins, globalement, les frontières linguistiques se dessinent assez bien avec des langues dominantes dans différentes régions.
Les vieillards partent, les langues perdent leurs forces que sont les locuteurs. Les mains et les cerveaux se taisent.
Des initiatives ont été prises mais il nous reste beaucoup à faire si nous voulons en Afrique décider consciemment de l’avenir de notre univers linguistique.
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